Taombaovao Malagasy : Une date commune pour l’Unité Nationale
Auteurs:     Date: 2017-02-24     Visites: 42

Tous les ans la polémique fait rage : le nouvel an c’est au mois de mars, disent les uns. Non, c’est au mois de juin (cette année 2017) disent les autres. C’est la cacophonie totale qui laisse le peuple perplexe. Dans les autres régions de Madagascar, on se désintéresse de la polémique car dit-on, ce sont là des nouvels ans merina et non malagasy.
Pour remédier à cette situation un Comité a été constitué l’année dernière, pour trouver un consensus sur la date ou la période de célébration d’un nouvel an commun. Les membres de ce comité ont souhaité exposer ici ses objectifs, sa méthode de travail, les recherches qu’elle a menées depuis avril 2016 et les résultats des débats qu’elle a coordonnés, mais surtout, expliquer pourquoi il est fondamental pour nous Malagasy de trouver un jour dans l’année, où nous pourrons célébrer ensemble le nouvel an.
La raison d’être du comité
• Ne pas stopper la célébréation des fêtes traditionnelles qui ont déjà cours dans les différentes régions de l’île.
• Trouver une date commune qui peut rassembler tous les Malagasy de toute l’île et qui puisse mettre en valeur nos richesses culturelles.
• Renforcer l’unité nationale, la cohésion sociale, la cohésion familiale, à partir d’une grande fête commune.

La raison d’être de la date
D’après les explications des membres du Comité, l’objectif du processus actuel est de déterminer une date qui répond à un maximum de critères préétablis, pour trier toutes les dates possibles. Voici ces critères :
• Une date qui ne coïncide pas avec une date déjà fêtée quelque part dans l’île. Exemple : le 24 juin 2017. C’est la date du nouvel an selon le comput lunaire fêté par la grande majorité des tradi-praticiens. Le 28 mars 2017, date du nouvel an selon la Trano Kolotoraly

• Une date qui permet de trouver un concensus.
– Si on prend le comput zodiacal qui associé le début du nouvel an avec le début du mois du bélier, il est impossible de trouver un concensus car il co-existe dans l’île, au moins 5 manières de calculer le début du bélier (antemoro, merina, Antanosy, chez les merina, on trouve 3 méthodes différentes…).
– Si on prend toujours le bélier, seul l’Imerina a fêté le nouvel an au début du bélier. Les Antemoro, les Antanosy, beaucoup d’autres groupes connaissent le bélier mais ils ne l’ont pas fêté. Ils l’utilisent à des fins astrologiques.
– Si on prend le bélier, on donne à la date une connotation spirituelle. Or, tous les Malagasy ne croient pas au zodiaque et tous les Malagasy ne sont pas non plus des croyants. Il y a des Malagasy qui horripilent dès qu’ils entendent le mot bélier car leurs croyances ne s’y prêtent pas.

• Une date bien malagasy, pas une copie de ce qu’on trouve ailleurs, mais une date qui nous différencie des autres nations. Une date qui correspond en un maximum de points à nos valeurs les plus profondes et authentiques.

• Une date qui fait vivre nos traditions, rappellent notre histoire, renforce nos différences et cimentent notre unité.

Par ailleurs, lors de l’Assemblée Générale qui a eu lieu le 18 janvier 2017, les membres du comité ont trouvé une date et après l’avoir suggérée aux participants, ont obtenu majoritairement sa validation. La période désignée est le LOHATAONA, le printemps austral. C’est le moment où du côté sud du globe, la nature revient à la vie, l’ambiaty est en fleur, le taotaokafa fait son apparition et chante le nouvel an (taonataonahafa).
Inclusivité.
Plusieurs acteurs participent déjà aux démarches entreprises par le Comité. « Nous invitons tous les Malagasy (historiens, artistes, philosophes, tradi-praticiens, anciens, gardiens des traditions, économistes, etc.) à réfléchir ensemble sur la manière dont nous pourrions célébrer ensemble ce nouvel an malagasy. Plusieurs questionnements sont abordés durant les concertations.
• Serait-il pertinent par exemple de se référer aux diverses pratiques déjà existantes partout dans l’île ?
• Ou bien, va-t-on laisser libre la célébration, selon la région, selon l’inspiration de tout un chacun ?
• Il serait avisé de laisser les non-coyants fêter le nouvel an comme bon leur semble, sachant tout de même que ce nous célébrons là en commun, c’est la nature en éveil qui nourrit et chérit l’homme.
• Où fêterait-on le nouvel an ? A ciel ouvert serait l’idéal, partout où l’espace permet au peuple de faire la fête.
• Pour la grande première, il faudrait trouver un lieu commun, ITASY pourrait convenir, étant le centre névralgique de Madagascar. »
Quel nom donner au Nouvel An ?
La réunion de l’Assemblée Générale, qui a eu lieu le 17 mars 2016 au Ministère de la Culture a opté pour : « ASARAMASINA ».
Quel symbole y attacher ? Les participants, avec le Comité, ont pensé à l’Epi.

 



A propos du printemps austral :
• C’est la date qui remplit tous les critères posés par les membres du Comité au départ des recherches de la date commune.
• C’est une date bien malagasy qui n’a aucune connotation étrangère, elle ne vient ni des arabes, ni des autres groupes qui ont immigré à Madagascar.

• Elle est plus ancienne et de loin très antérieure à la date du bélier qui fait l’objet de tant de polémiques.

• Elle a été connue des anciens, LOHATAONA signifie mot à mot : TETE DE L’ANNEE.

• Elle est reconnue à la même période par tous les groupes de la Grande Ile, sans exception aucune.

• A ce moment-là, les gens peuvent faire la fête car ils disposent de réserves de nourritures. Ce n’est pas le cas au mois de mars par exemple où règne encore la période cyclonique, et où les récoltes ne font que commencer.

• Il est facilement repéré :

• Le taotaokafa chante
• Les pêchers sont en fleurs
• L’ambiaty est en fleurs
• Les petites grenouilles remplissent les champs
• Le ciel est bleu

Un proverbe ancien dit que Dieu a privilégié l’Ambiaty, car entre toutes les plantes, c’est celle-ci qu’il a désigné pour faire connaître aux hommes l’arrivée du Nouvel An. Un autre proverbe vient renforcer cette idée, disant que l’Ambiaty a le privilège de connaître ce qui gît dans le cœur de l’homme. L’Ambiaty n’est en fleur que vers le mois de septembre quand l’année se renouvelle et que la nature, dans l’hémisphère sud, reprend force et vigueur.
Message du Comité
« Un peuple UNI est un peuple FORT. Notre Pays, à ce tournant décisif de l’histoire et de son histoire en particulier, a besoin d’unité. Les anciens disent que ceux qui sont unis sont comme la pierre et ceux qui sont désunis comme le sable.
Nous pouvons renforcer notre unité en nous et disputons chaque année sur la date du Nouvel An qui célèbre l’Unité et l’Amour. La célébration du LOHATAONA ensemble, partout dans l’île va renforcer notre nation et notre solidarité ».