5 janvier 2017 - Nature // 421 Views // N°: 84
Vous avez sans doute vu la première vidéo de cette espèce filmée sur nos côtes en 2015. Vidéo qui a été virale sur Madagascar. C’est grâce à elle que nous connaissons ce nouvel hôte des côtes malgaches, le rorqual d’Omura !
Dr Salvatore Cerchio et Tony.
C’est en 2004 que commence l’histoire avec le Dr Salvatore Cerchio, chercheur spécialisé dans la conservation des mammifères marins au sein de la Wildlife Conservation Society (WCS) de New York. Il a commencé ses recherches à Nosy Be sur les dauphins côtiers et la diversité des cétacés. Ce n’est qu’après plusieurs années de recherches qu’en 2013, avec son équipe, il va rencontrer plusieurs groupes de baleines qui vont être confondue, au début, avec des baleines de Bryde : une erreur commune même parmi les scientifiques. « Quand on les a découvertes, on s’est dit qu’il s’agissait de rorquals de Bryde pas de rorquals d’Omura, car ces derniers sont observables en mer du Japon et près des îles Salomon, loin de Madagascar », explique le Dr Salvatore Cerchio.
Il faudra l’analyse approfondie des photos recueillies durant l’expédition et des échantillons génétiques pour que la confirmation tombe : il s’agit bien de rorquals d’Omura ! Jusqu’ici, seuls des spécimens retrouvés échoués sur des plages dans l’ouest du Pacifique ou l’est de l’Océan Indien avaient pu être observés. Le rorqual d’Omura, identifiée en 2003 par trois chercheurs japonais et baptisé en l’honneur du cétologiste nippon Hideo Omura, mesure entre 7 et 11 mètres. Il n’a pas de dents et sa pigmentation asymétrique – une coloration pâle sur la mâchoire et le ventre du côté droit et foncée du côté gauche – est très caractéristique de l’espèce.
Le rorqual d’Omura est timide ; Il vit loin des côtes, en pleine mer, et son souffle est peu visible. Surtout ne vous attendez pas à des sauts de séduction comme le fait sa cousine, la baleine à bosse, visible à Nosy Be comme à Sainte-Marie. Cependant, si vous vous mettez la tête sous l’eau, vous aurez sans doute la chance de l’entendre chanter. En effet, il peut répéter les mêmes vocalises pendant des heures, et ces dernières sont entendues jusqu’à 100 km à la ronde. Sa peau étant excessivement lisse, la pause de balises rationnelles pour les suivre à distance s’avère impossible. Aussi beaucoup de choses restent à découvrir, notamment en ce qui concerne leur déplacement et leur population réel sur Madagascar, estimée pour le moment à 200 individus. Une première indication pour évaluer la menace de disparition potentielle de cette espèce rare.
Le Dr Salvatore Cerchio est confiant : « Entre 2004 et 2016, les baleines à bosses sont passées de 6 000 à 10 000 individus, soit une augmentation de 6 %, c’est un point positif pour Madagascar. » Les recherches continuent et récemment des hydrophones ont été mis en place : ils ont enregistré cinq champs de baleines différents, alors que seules trois espèces ont à ce jour été confirmées visuellement à Sainte-Marie, le berceau de reproduction des baleines à bosses. Madagascar nous réserve encore bien des surprises.
#AntoninAuvray
Photos : B. Andrianantenaina