Andry Rajoelina maîtrise toujours l’art de la communication. (Photo : Kelly)
« Je ne suis pas un putschiste, je suis un révolutionnaire », a déclaré le président de la Transition.
Déterminé. C’est le message que voulait et veut envoyer l’ancien président de la Transition à travers l’émission spéciale diffusée hier sur « VIVA TV », « Kolo TV » et « TV Plus ». Sa maîtrise de l’art de la communication étant toujours intacte bien malgré les 4 années de discrétion politique, Andry Rajoelina était plutôt à l’aise pour répondre aux questions des 4 journalistes de ces chaînes de télévision. Pendant environs 3 heures de débats, il a notamment apporté des éléments d’éclaircissement sur différents sujets à polémiques, entre autres, les rumeurs sur une éventuelle alliance avec Marc Ravalomanana, la signification du Logo de son projet Initiative pour l’Emergence de Madagascar (IEM) et le bilan des quatre ans de pouvoir du « Hery Vaovao ho an’i Madagasikara ».
IEM. La première partie de l’émission était une occasion pour l’ancien président de la Transition de présenter et défendre devant un public composé entre autres, d’opérateurs économiques, d’artistes, des universitaires, des jeunes issus de différents secteurs d’activités, des juristes, des parlementaires et de ses partisans au sein du MAPAR, son projet Initiative pour l’Emergence de Madagascar. IEM n’est pas un programme mais un espace mis en place pour rassembler les techniciens et les opérateurs qui souhaitent apporter leur contribution pour le développement de Madagascar. Ce projet prévoit des solutions sur tous les domaines de la vie socioéconomique, entre autres, l’agriculture, l’élevage, l’éducation, la sécurité et les infrastructures, et vise à faire de la Grande île un pays émergent dans l’Océan Indien, par des solutions endogènes. Selon ses dires, « la population n’a pas besoin d’attendre 2030 pour résoudre les problèmes de pauvreté, l’insécurité, l’inflation et la famine. Les Malgaches attendent des solutions dans l’immédiat ». Une pique lancée à l’encontre du régime HVM qui vient de présenter son « Vina Fisandratana 2030 ». Un forum sera organisé à Antananarivo incessamment dans le cadre de l’IEM. Par ailleurs, des déplacements aux Etats-Unis, en Allemagne, à Londres, en Arabie Saoudite sont également prévus.
« Ni…, ni… ». Mais l’évènement marquant de ce « show télévisé » s’est produit durant la deuxième partie consacrée aux actualités politiques. En effet, Andry Rajoelina a formulé un mea-culpa public pour l’élection de Hery Rajaonarimampianina à la Magistrature suprême. « Je présente mes excuses et je demande pardon auprès du peuple malgache pour avoir proposé et soutenu sa candidature lors de l’élection présidentielle de 2013 », a déclaré l’ex-Chef d’Etat qui semble se sentir coupable pour le bilan « catastrophique » du régime actuel. « J’ai soutenu un homme mais je ne pouvais pas savoir ce qu’il allait faire après ». Faut-il rappeler que l’actuel locataire d’Iavoloha a été un candidat adoubé par Andry Rajoelina lorsque ce dernier a été frappé par le « ni…ni ».
Trahison. Tout en exprimant des regrets, l’ancien président de la Transition a aussi affiché sa déception par rapport à la trahison et au retournement de veste de ses anciens compagnons de lutte. « Mes blessures se sont déjà cicatrisées, cependant, ce qui me fait des chagrins, c’est que ces gens ont également trahi le peuple malgache et les mpiara-mitolona », a-t-il soutenu. Et d’ajouter qu’il est désormais temps de changer la pratique politique au pays car le peuple malgache ne mérite plus ce genre de comportement. Continuant sur sa lancée, le numéro Un du MAPAR de déclarer : « la vie et la politique m’ont beaucoup appris, notamment à propos de la trahison et des mensonges ». Une manière à lui de faire savoir qu’il a acquis une grande maturité, mais aussi de laisser entendre qu’il revient encore plus fort sur l’échiquier politique. Pour enfoncer le clou, Andry Rajoelina de faire savoir que « même l’appellation Hery Vaovao ho an’i Madagasikara, c’est moi qui l’ai inventé ». Cependant, fidèle à ses principes, l’ex-homme fort du pays a annoncé que le MAPAR ne se positionnera jamais en opposition officielle au régime qu’il a lui-même installé.
Alliance. Pour ce qui est des rumeurs sur l’éventualité d’une alliance avec Marc Ravalomanana, Andry Rajoelina n’a ni confirmé ni infirmé. « Ma porte reste grande ouverte pour tout le monde. D’ailleurs, pour la mise en œuvre de l’IEM, nous sollicitons la contribution de toutes les personnes de bonne volonté, sans distinction de couleur politique, ni de couleur de cravate… Le fait d’avoir une discussion ne signifie pas qu’on a décidé d’unifier nos partis. En tout cas, je ne serai jamais partisan du TIM et Marc Ravalomanana ne sera jamais membre du MAPAR », a-t-il déclaré. Et de lancer au passage un appel à l’endroit de tout un chacun afin de laisser de côté la politique-politicienne et les guéguerres politiques pour se donner la main, afin de trouver des solutions pour le développement de la Nation.
Révolutionnaire. Cette émission spéciale a également été une occasion pour l’ex-Chef d’Etat de répondre à ses détracteurs qui le traitent de putschiste. « Je ne suis pas un putschiste, je suis un révolutionnaire », a-t-il martelé. Et d’expliquer que « le putsch, selon le dictionnaire, est un soulèvement opéré par un clan militaire ou un groupe politique armé. Ce qui n’était pas le cas en 2009 car Marc Ravalomanana a démissionné et a remis les pleins pouvoirs aux plus hauts gradés des forces armées. Ce sont ensuite ces derniers qui m’ont remis le pouvoir ». L’ancien Maire de la Commune Urbaine d’Antananarivo n’a pas pu s’empêcher d’exprimer sa consternation par rapport à la situation actuelle de la Ville des Mille qui fait face aux acharnements des tenants du régime. En ce qui concerne la Présidentielle, Andry Rajoelina préfère pour le moment entretenir le suspens par rapport à sa candidature. Et ce, même s’il ne cache pas son ambition de revenir bientôt au pouvoir. « Je ne peux pas encore me prononcer sur le sujet car pour l’heure, la date du scrutin n’est pas encore connue et les textes régissant les élections n’ont pas été adoptés ».