Violents affrontements sur la place du 13 mai : La démission de Hery Rajaonarimampianina réclamée par l’opposition
Auteurs:     Date: 2018-04-24     Visites: 43

Ce jour, les députés de l’opposition invitent la population tananarivienne à venir nombreux à Analakely pour une grève générale.

Nouvelle journée sous haute tension pour les Tananariviens. En effet, malgré les pertes en vies humaines enregistrées à l’issue de la première journée de manifestation, les députés MAPAR, TIM, MMM et indépendants refusent de faire machine arrière. Au contraire, la radicalisation du mouvement est fortement envisagée. Si au début, les parlementaires de l’opposition ont réclamé le parvis de l’Hôtel de ville pour effectuer un compte-rendu des travaux réalisés durant les sessions extraordinaires du Parlement, désormais, ils exigent carrément le départ du président Hery Rajaonarimampianina. L’utilisation disproportionnée des forces armées en est la cause. Ce jour, l’opposition prépare une grève générale. Me Hanitra Razafimanantsoa, députée TIM élue à Tana I, a déclaré samedi que « le mouvement ne s’arrêtera plus jusqu’à la démission du président de la République ». Une annonce accueillie avec ferveur par la foule très remontée contre le régime HVM qui a désormais les mains maculées de sang après l’évènement de samedi dernier qui a fait deux morts et une vingtaine de blessés suite à des tirs à balles réelles effectués par les forces de l’ordre. Ce jour, les députés MAPAR, TIM, MMM et indépendants invitent tous les citoyens malgaches, les syndicalistes, les membres du FFKM, ainsi que les partisans de Marc Ravalomanana et ceux d’Andry Rajoelina pour une grande manifestation sur la Place du 13 mai. L’objectif étant de contraindre le  chef de l’Etat à démissionner. La vice-présidente de l’Assemblée nationale pour la Province d’Antananarivo a même lancé un appel à l’endroit des fonctionnaires pour un verrouillage total de la machine administrative à partir d’aujourd’hui. Reste à savoir si cet appel sera suivi.

Attroupements. Pour revenir à ce qui s’est passé samedi dernier à Analakely, la journée était marquée par de violents affrontements entre les partisans de l’opposition et les forces de l’ordre réquisitionnées par le Préfet de Police d’Antananarivo, le général Angelo Ravelonarivo qui a tout fait pour empêcher la tenue de cette « manif ». Tôt le matin, un millier de militaires, gendarmes et policiers a investi Analakely et ses environs. L’accès à la Place du 13 mai a été complètement bloqué. A 9h45, précédé par des « Mpiandry », les députés MAPAR, TIM, MMM et opposition, munis de leur écharpe, sont descendus depuis Ambohijatovo pour rejoindre le parvis de l’Hôtel de ville. Comme prévu, l’Emmoreg s’est intervenu dès le début de la grande marche en dispersant la foule par des jets de grenades lacrymogènes, depuis Andohan’Analakely jusqu’au niveau de l’hôtel Le Glacier. Des attroupements se sont également formés à Soarano, à Tsaralalàna et du côté du magasin Shoprite. Les forces de l’ordre ont été complètement encerclées. Vers 10h, un petit groupe dirigé par le député Rossy a réussi à entrer sur le parvis de l’Hôtel de ville après une altercation avec l’Emmoreg, mais le groupe a aussitôt été refoulé après quelques minutes.

Jets de pierres. Trois heures durant, l’Emmoreg a attaqué les partisans de l’opposition par des jets de grenades lacrymogènes, des bombes assourdissantes, des tirs à balles en caoutchouc et des tirs à balles à blanc. Les éléments des groupements spécialisés tels que la FIGN, l’UIR et le GSIS étaient particulièrement les plus violents contre des manifestants qui, eux non plus, n’ont pas reculé. Les courses-poursuites et les jets de grenades lacrymogènes se sont même poursuivis jusque dans l’enceinte de la « Croix-Rouge Malagasy », mais aussi à l’hôpital des enfants à Tsaralalàna où des bébés étaient asphyxiés par les gaz. Une violence inouïe qui a fait deux morts et 15 blessés dans les rangs des manifestants. Vers 12h30, à court de munitions, les forces de l’ordre étaient obligées de se replier et de quitter le parvis de l’Hôtel de ville. Pourchassés par la foule en colère qui a riposté par des jets de pierres, un groupe d’une quinzaine d’éléments de la FIGN s’est retranché à l’intérieur de l’Hôtel de ville. C’est là que l’on a enregistré deux blessés par des tirs à balles réelles, l’un a été touché dans le ventre et l’autre sur la tête. Les douilles ont d’ailleurs été récupérées par des manifestants.

Répression. Après le départ des forces de l’ordre, les manifestants ont investi la Place du 13 mai. Une grande première depuis le début de cette quatrième République. Faut-il rappeler que le régime Rajaonarimampianina a toujours maté les manifestations de l’opposition par l’utilisation des forces de répression. Pour cette occasion, Me Hanitra Razafimanantsoa a déclaré « qu’après ces actes de violences qui ont fait des morts, le mouvement des députés ne se limitera plus à un compte-rendu. Nous réclamons désormais la démission de Hery Rajaonarimampianina ». L’opposition prévoit en effet de descendre sur la place du 13 mai tous les jours. Hier, les manifestants ont prévu d’amener sur le parvis de l’Hôtel de ville le corps des victimes des échauffourées survenues la veille mais le programme a été annulé à cause de la présence massive d’éléments des forces de l’ordre qui ont investi ladite Place tôt le matin. Le nombre des militaires, gendarmes et policiers mobilisés a même triplé. Et ce,  malgré l’engagement d’un Officier de la Force d’Intervention de la Gendarmerie Nationale (FIGN) qui a bluffé les députés de l’opposition pour libérer une quinzaine de ses hommes pris en otage par les manifestants, en affirmant que les forces armées vont assumer leur principale mission qu’est de défendre la population et ne vont plus utiliser la force contre les Malgaches. Ce jour, les députés appellent les Tananariviens à venir nombreux au « kianja » pour une nouvelle manifestation. On s’achemine vers une nouvelle journée de « sakoroka », puisque lors de sa déclaration à la Nation, le président Hery Rajaonarimampianina a déclaré que les forces de l’ordre vont prendre leurs responsabilités pour défendre les institutions.