Les Britanniques franchissent la baie d’Antsiranana.
L’Île rouge, comme certains pays hors de l’Europe, a été considérablement touchée par le second conflit mondial. La première moitié des années 1940 est une période houleuse pour Madagascar en général et la partie septentrionale en particulier.
Les « British » sont là ! Dans la nuit du 4 mai 1942, une flotte, commandée par le contre-amiral Syfret, à bord du cuirassé Ramillies, appuyée par les porte-avions Illustrious et Indomitable, aux ordres du contre-amiral Boyd, arriva au large de la baie du Courrier en face d’ Antsiranana. Le 5 mai 1942, des explosions de bombes et de torpilles détruisirent les quelques bâtiments de guerre français, qui se trouvaient dans le port de Diégo-Suarez. Tous les avions et les navires de la base furent détruits, à l’exception de l’aviso colonial D’Entrecasteaux. Certains avions lâchèrent des tracts réclamant la reddition immédiate et inconditionnelle de l’île. « Je m’en souviens encore, comme si c’était hier la guerre mondiale, c’était tout près de la maison », raconte Ambroise Camille, un témoin oculaire, il n’avait que sept ans à l’époque. En effet, les troupes britanniques débarquent dans la baie d’Ambararata et dans la baie Courrier, juste à l’ouest du grand port d’Antsiranana. La garnison, sous le commandement du général Alfred Guillemet et du capitaine de vaisseau Paul Maerten, réussit à contenir les assaillants durant toute la journée. L’opération Ironclad « cuirassé », « blindé », appelée également « bataille de Madagascar » ou « bataille de Diégo-Suarez », correspond à l’invasion britannique de la colonie française de Madagascar, alors sous l’autorité du gouvernement de Vichy, du 5 mai au 8 novembre 1942.
Le deuxième objectif est d’arrêter l’expansion japonaise qui vise maintenant Madagascar. Entre le 31 mars et le 10 avril 1942, les Japonais ont mené une série de raids dévastateurs sur les ports britanniques dans l’Asie centrale, en particulier sur Colombo, Trincomalee et Batticaloa, situés sur l’île de Ceylan.
Madagascar, une île stratégique. On craint que les Japonais puissent utiliser des bases sur l’île, dans leur avance vers le continent africain, de la même manière qu’ils ont récemment créé des bases en Indochine pour soutenir leur avance vers la Birmanie, la Malaisie, Singapour, Bornéo et les comptoirs hollandais de l’Est de l’Inde. Les Britanniques comprennent vite le danger potentiel d’une présence japonaise dans cette zone. S’ils utilisent les bases de Madagascar et notamment Antsiranana, le troisième plus grand port naturel du monde, les forces navales nippones menaceraient les lignes de communication alliées dans une région qui s’étend du Pacifique à la France, au Moyen-Orient et à l’Atlantique sud. Pour l’Amirauté britannique, détenir Madagascar permet d’avoir une base prête à soutenir la 8e Armée dans le nord de l’Afrique comme d’avoir un tremplin pour renforcer la 14e Armée en Birmanie. L’île Rouge et son administration favorable à Vichy sont donc considérées comme tenues par l’ennemi et une opération amphibie est décidée pour s’en emparer.
La progression britannique fut ralentie à cause des petites escarmouches contre les forces armées de Vichy, et des dizaines d’obstacles érigés sur les routes principales. Toutefois, les forces de Vichy ne combattent pas réellement et c’est sans trop d’opposition que les Alliés capturent la capitale, Antananarivo, puis la ville d’Ambalavao. Le 6 novembre, un armistice prévoyant notamment le maintien d’une souveraineté française fut signé à Ambalavao. Le 8 novembre 1942, le gouverneur général Armand Annet capitula près d’Ihosy, dans le sud de l’île. Sur les 1 200 Français faits prisonniers, 900 se rallient à la France libre.
En outre, l’opération Iron Clad en 1942 contre le gouvernement vichyste et l’occupation britannique sont aussi l’une des causes majeures de l’effervescence du nationalisme dans la Grande Île en général et le Nord de l’île en particulier. La défaite du gouvernement vichyste de Madagascar montre la faiblesse de la France aux yeux des Malgaches.
Recueillis par Iss Heridiny
la source d'information: www.midi-madagasikara.mg