Le dynamisme de la croissance économique observée depuis 2016 se serait estompé en 2020, indique le comité monétaire de la Banque centrale de Madagascar dans sa note de conjoncture économique publiée vendredi. À la suite d’une réunion pour la revue semestrielle de la politique monétaire du pays, ce comité révèle que « Les premières estimations tablent sur un taux de croissance de 1,2% contre 5,5% initialement prévu » à cause de la crise sanitaire. Le secteur tertiaire en serait lourdement concerné.
Pour le secteur tertiaire, le repli d’activité serait de l’ordre de 0,5 % contre une hausse de 5,2 % selon les prévisions initiales. Pour le secteur secondaire, la croissance ne serait plus que de 2,2 % comparée à 7,4 % estimée auparavant. Le secteur primaire enregistrerait une croissance de 3,6 % au lieu de 4,6 %.
Vers la fin du mois de février, la variation de l’Indice des Prix à la Consommation (IPC) en glissement annuel a été de 3,9 % contre 6,6 % à la même date en 2019. Le taux d’inflation, de son côté, repart à la hausse avec une variation annuelle de 4,2 % en mars de cette année, après un taux de 6,1 % une année auparavant. Cette reprise de l’inflation s’expliquerait par la raréfaction d’un certain nombre de produits de première nécessité sur le marché local et à des perturbations au niveau du circuit de distribution après l’apparition de la pandémie du coronavirus.
Les résultats de l’enquête de conjoncture économique montrent qu’en 2020 le ralentissement des activités des entreprises du secteur réel s’est anormalement intensifié à cause toujours de la crise sanitaire. On enregistre une baisse significative de l’Indicateur synthétique des activités des entreprises (IAE). Cette dégradation est ressentie notamment au niveau des grandes et des microentreprises. La diminution des activités est prévue se maintenir pour le prochain trimestre (perspectives d’un IAE de -70,4 %).
Durant les trois premiers mois de l’année, le solde global de la balance des paiements se serait également dégradé avec un déficit estimé à 0,5 % contre 0,2 % du PIB sur la même période de 2019. Le déficit courant de 0,3 % n’a pas été compensé par le solde positif des opérations en capital et financières. La diminution des exportations de biens et services est essentiellement à l’origine de ce gap. Les produits phares d’exportation, tels que la vanille, le girofle, le cobalt et les produits des entreprises franches, ont connu une baisse au niveau des prix. Il en est de même des produits importés.
L’Ariary s’est déprécié
Les recettes liées aux services de transports et de tourisme ont également été fortement impactées par la restriction des déplacements à l’échelle internationale avec un recul respectif de 33,8 % et de 31,4 % sur la période observée. Parallèlement, les paiements de services ont enregistré la même tendance à la baisse. Sur le marché des changes, les recettes provenant de la filière vanille ont chuté de 52,1 % au cours des trois premiers mois de 2020 par rapport à la situation de 2019. Du côté de la demande, les paiements d’importation des biens de consommation sont restés prépondérants et ont connu une hausse de 12,0 % à fin mars 2020. Ainsi, l’Ariary s’est déprécié de 1,9 % par rapport à l’Euro (4 118,9 ariary à fin mars 2020, contre 4 041,8 ariary à fin décembre 2019) et de 3,5 % par rapport au Dollar américain (3 755,09 ariary à fin mars, contre 3 627,3 ariary à fin décembre 2019).
Concernant les finances publiques, la situation des Opérations globales du trésor (OGT) s’est dégradée au cours des trois premiers mois de 2020 avec un solde déficitaire estimé à 3,0 % du PIB, après un déficit de 2,6 % du PIB sur la même période en 2019. Vers la fin du mois de mars, le taux de pression fiscale est estimé à 8,5 %, contre 10,0 % à la même date en 2019, soit une perte de 1,5 point.
Le comité monétaire de la Banque centrale de Madagascar estime alors qu’ « avec les arrêts partiels et le ralentissement de la production, la croissance économique durant les deux premiers trimestres de cette année serait compromise. La contraction de l’offre de biens et services, conjuguée à l’accélération de l’expansion des agrégats monétaires risque d’engendrer une pression monétaire sur l’inflation en 2020. » Face à cette situation, le comité a alors décidé de « poursuivre les efforts de Banque centrale dans l’accompagnement des réponses gouvernementales pour faire face aux impacts négatifs du Covid-19. Elle continuera d’assurer la liquidité sur les marchés monétaires et des changes. »
la source d'information: https://www.madagascar-tribune.com/Severe-impact-du-coronavirus-sur-la-croissance.html